vendredi 20 février 2009

C'est désormais moi (Erwan) qui écrit, suite à des menaces anonymes envoyées par de funestes individus militants pour un plus grand interventionnisme de ma part. Dans quel monde vit-on je vous le demande. On me reproche mon absentéisme scripturale alors que mes pensées envers vous tous accompagnent chacun de mes pas, chaque mètre parcouru, chaque bloc de verglas enjambé avec grâce et volupté. Et ce n'est pas peu dire dans ce pays. Car après avoir parcouru pas loin de 4000 kilomètres en train, voilà que ma douce et merveilleuse et moi-même revenons tout juste d'un périple hors du commun à travers les hostiles montagnes rocheuses, peuplées de loups belliqueux et d'ours assoiffés de violence. Maintenant que nous sommes de nouveau revenu dans notre foyer chaleureux et baba-cool, je peux bien l'admettre, la peur nous a parfois saisi au détour de ces 24 kilomètres de marche forcée dans la neige (au moins deux trois mètres à peu près). Lola avait ce regard on ne peut plus clair qui semblait me dire "Mon Dieu Erwan, mon superbe et valeureux Erwan, dans quoi nous sommes nous embarqués?". A ceci je lui répondais, toujours dans un regard, car notre relation à atteint un tel stade d'osmose que la parole est superflue : "mais dans l'aventure ma poulette, l'aventure!". Et je n'avais pas tellement tort... A peine avions-nous débuter notre ascension en raquettes canadiennes que le premier incident surgit... Un bruit étrange m'avait déjà mis la puce à l'oreille quelques mètres avant, mais je ne m'en étais pas plus inquiété que ça. Mais voilà que soudainement le bruit redouble d'effet, et tétanisés d'effroi par ce son diabolique, Lola et moi nous figeons, nous couchons par terre, et faisons le mort. Je constate alors que Lola, malgré ses infinies qualités, ne fait pas bien le mort. Elle est bien en position couchée face au sol, la langue pendante, mais franchement on n'y croit pas. Et le bruit s'approche de nous inexorablement... Et je le distingue mieux à présent.... c'est un bruit de pattes velues et griffues mêlé à un grincement strident de dents aiguisées qui glacent le sang. N'écoutant que mon courage, je décide alors de faire un geste insensé pour pour protéger ma douce, qui je le sens bien sera la première victime de la bête si je ne fais rien pour l'en empêcher. Je me relève ainsi, bravant la bête et mon destin, et m'avance vers l'obscurité de la forêt.. La bête est là... je la sens.. et je la vois! Notre regard se croise et le temps semble s'arrêter. Je ne sais pas si c'est son regard qui me semble humain ou le mien qui devient animal, mais pour un instant je sens bien que lui, monstre de la nature redouté, cherche peut être non pas une proie, mais un ami, un confident, une oreille à qui se confier. Mais vu qu'on a encore 20 bornes à se taper je lance une pierre sur ce foutu écureuil. Faut pas déconner. "Une oreille à qui se confier", non mais il s'est pris pour qui ce blaireau? Enfin cet écureuil. Bref on a eu chaud.
Il y a bien entendu plein d'autres épisodes de la sorte et je me doute bien que vous mourrez d'envie de les connaître mais tatata, il faudra attendre un peu bande de sacripants, et nous inviter à dîner si vous voulez entendre la suite. J'aime bien le boeuf. Saignant.
Croyez bien que j'aimerais vous écrire plus longuement, mais l'appel de mon lit superposé dans un dortoir se fait très fort, et la route continue demain, avec notre dernier tronçon de train jusqu'à Vancouver... Haut les coeurs! A très bientôt, je vous embrasse, Erwan!

3 commentaires:

  1. merveilleux, quel conteur tu fais, petit frère...
    merci lola pour toutes ces nouvelles et pour ta prouesse d'avoir fait écrire ce muffle!!! (toute petite pression soeurale, je n'avais pas encore dit mon mot à moi)
    amusez-vous bien, et faites bien attention aux bêtes féroces...
    marine

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  2. l'emphase serait elle atavique?
    véronique

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  3. mais c'est que j'ai presque eu peur.... tétanisée devant mon pc, me rassurant puisque 1. si tu avais écrit ces mots, c'est que vous étiez vivants, 2. notre douce mère nous aurait déjà prévenus!!!!

    on espère que le JRI n'a pas oublié... les images de lola la langue pendante...

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